Le rendez-vous d’Hadès et de Perséphone

Que se passe-t-il lorsque Hadès se languit de Perséphone et que Perséphone se languit d’Hadès pendant les six mois de l’année qu’ils passent séparés l’un de l’autre ?

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Hermès avait délivré son message provenant de Perséphone, sur son ton enjoué ordinaire. Le dieu-messager avait toujours eu du mal à rester en place. Et même aux Enfers il ne cessait de se tortiller et de voltiger dans tous les sens en arpentant toutes les pièces du sol au plafond.

— Très bien, Hermès. Porte-lui ma réponse : je serai au lieu dit sans faute.

Hermès s’en fut en emportant son message et Hadès se précipita dans ses appartements. Il s’observa un instant dans le miroir. Ses cernes violettes faisaient peine à voir, ses paupières tombaient de fatigue et la pâleur mortelle de sa peau accentuait tous ces défauts. Il secoua violemment la tête et se représenta le rendez-vous. Il se fit préparer un bain, et sa fatigue fut gommée par l’eau brûlante qui le vivifiait. Il opta ensuite pour une toge blanche, préférant changer de ses tenues noires habituelles. C’était un rendez-vous galant, pas une veillée funèbre. Surtout pas pour cette occasion.

Une fois apprêté, il descendit les marches de son palais quatre à quatre. Son char attelé de ses chevaux bleu nuit l’attendait au pied des marches. Il empoigna les rênes et fouetta les chevaux avec énergie, impatient de retrouver sa bien-aimée.

Dans la plaine d’Enna sous un cyprès blanc et près d’une fleur baptisée narcisse, une jeune femme attendait son bien-aimé. Elle avait semé ses chaperonnes et surtout sa mère, un véritable frein à sa vie de couple épanoui. Le vent s’engouffra dans ses cheveux blonds comme les blés et les envoya voler au gré de la brise estivale. Il faisait chaud et humide en cette soirée d’été commune à toutes les autres. L’index de Perséphone s’emmêla dans plusieurs mèches de cheveux qu’elle lissait, songeuse et inquiète.

Quelqu’un la saisit par la taille sans qu’elle ne vît personne, et elle cria. Une main invisible se posa sur sa bouche et une autre ôta le casque d’invisibilité qui ornait sa tête sombre. Le cri de Perséphone se mua en un sourire tendre.

— Est-ce toi, mon amour ? Tu m’as fait peur ! s’exclama-t-elle aussi, son sourire transparaissant dans sa voix.

Le sourire de Perséphone était décidément contagieux car Hadès le lui rendit aussitôt, et ses doigts se prirent à caresser les joues de son adorée. Comme elle lui avait manqué !

— Qui d’autre, ma bien-aimée ? lui répondit-il sur un ton amusé.

Il la libéra de son étreinte, prit sa main et l’éloigna davantage du chemin par lequel elle était arrivée pour le rencontrer, et la guida vers un bosquet d’arbres non loin de là afin d’éviter des regards indiscrets. Le dieu des Enfers enlaça à nouveau sa promise et la tourna vers lui. Perséphone encercla le cou de son époux de ses mains délicates sans perdre son sourire devenu lumineux.

— Hadès, comme ta présence me manque durant ces longs mois sans toi !

La déesse se blottit contre lui et le serra très étroitement. De la tristesse avait transparu dans sa voix cette fois-ci. Hadès n’y était pas étranger, lui-même était en proie à la déprime depuis l’absence de sa femme. Et celle-ci était de taille : six longs mois loin l’un de l’autre ! Zeus et ses compromis…

— Je suis là, mon amour, je suis là, murmura-t-il à son oreille d’un ton apaisant.

Perséphone s’écarta légèrement de lui pour parvenir à le regarder dans les yeux. Des larmes perlaient au coin de ses yeux et de ses joues, même si son sourire demeurait éternellement affiché sur son doux visage. Hadès se pencha et effleura ses lèvres d’un doux baiser. La déesse des saisons poussa une plainte, presque un sanglot, et Hadès l’embrassa à nouveau, pressant le corps de la jeune fille contre le sien pour la réconforter. La reine des Enfers répondit à ses baisers avec empressement et fièvre tout en agrippant son amant au niveau des épaules, chiffonnant par ce biais son habit si soigneusement préparé. Hadès n’en avait cure.

— Je vais rester à tes côtés autant qu’il le faudra ce soir, mon aimée. Jusqu’au petit matin s’il le faut.

— Oh, Hadès ! Hadès !

Le couple échangea un autre baiser tout aussi passionné que le précédent et lorsque leurs yeux se croisèrent à nouveau, les flammes de la passion y brûlaient conjointement. Peu à peu, ils se laissèrent tous deux aller à la volupté et au plaisir des retrouvailles. Là, sous les pins, les saules et les cyprès d’Enna.

A propos Vanilumi

Je ne suis qu'un petit papillon attiré par la flamme de la bougie, petit papillon éphémère qui se prend à butiner de fleur en fleur, sans but apparent. Les idées fourmillent pourtant, comme des myriades de couleurs sur l'arc-en-ciel mental de mon esprit.
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